Depuis presque 100 ans le vieil homme marchait. Il avait traversé l’enfance, la jeunesse, les joies et les douleurs. Il se souvenait de tous ceux qui avaient fait partie de sa vie, femme, enfants et amis. Mais maintenant il était seul devant le grand océan. Il s’est arrêté devant les vagues et s’est retourné. Il a vu sur le sable l’empreinte de ses pas. Chacun était un jour de sa longue existence, de son long voyage à travers la vie. Il les connaissaient bien ces jours-là, les passes difficiles, les marches heureuses, les empreintes profondes quand les jours étaient désespérés. (l’œuf) – le long chemin de sa vie se terminait là, devant le grand océan. Et puis il a été intrigué. Il s’est aperçu qu’à côté de ses pas il y avait d’autres traces. Il n’avait donc pas marché seul. Pourtant il ne se souvenait pas d’une quelconque présence fidèle et silencieuse. "Qui m’a donc accompagné" et une voix lui a répondu "C’est moi" et il a reconnu la voix de celui qu’on appelait Dieu. Il s’est souvenu que Dieu lui avait promis de ne jamais l’abandonner. Il s’est senti heureux comme un enfant. Il a regardé encore et a vu que certains jours de sa vie une seule trace de pas était visible. Il s’est souvenu que ces jours étaient les plus durs, les plus terribles, les plus désespérés. "Pendant ces jours de malheur tu m’as abandonné et j’ai marché seul ?" Il était soudain amer et triste. "Mon fils bien aimé ces traces solitaires sont celles de mes pas. Ces jours où tu croyais cheminer abandonné de tous, j’étais avec toi ces jours où tu pleurais, et je te portais."
Conte brésilien collecté par Henri Gougaud