Le Photomog de Jimini

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C'est pas gagné...

Publié le mercredi 31 mai 2006

Il y a deux jours, je vous expliquais que l'homosexualité n'était pas un choix de vie. J'ai aujourd'hui la preuve que, malheureusement, le Ministère des Affaires Etrangères n'a pas lu mon blog... En effet, voici ce que le porte parole dudit Ministère a déclaré lors d'un point presse hier, 30 mai,  quand on l'a interrogé au sujet des violences lors de la première Gay Pride de Moscou (à laquelle participait des Français) :
« Nous déplorons ces violences et rappelons que l'orientation sexuelle relève de la sphère privée. Nul ne saurait donc être victime de violences au nom de ses choix en la matière. ».

Pour prolonger, voici le communiqué de presse de l'Inter-LGBT suite à cette intervention :

"Pressé de répondre lors d'un point de presse au sujet des violences lors de la première Lesbian & Gay Pride à Moscou, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères a été consternant de maladresse. « Nous déplorons ces violences et rappelons que l'orientation sexuelle relève de la sphère privée. Nul ne saurait donc être victime de violences au nom de ses choix en la matière. », a-t-il déclaré ce 30 mai.

En renvoyant la question de l'orientation sexuelle à un « choix » privé, le porte-parole du ministre donne raison aux autorités russes qui refusent de voir la lutte contre les discriminations comme un combat politique, nécessitant l'exercice public du droit d'expression et de manifestation. Ces déclarations archaïques vont à contre-courant de la construction du droit à l'échelle du Conseil de l'Europe, qui établit l'orientation sexuelle comme un trait identitaire de la personne au nom duquel nulle discrimination ne peut-être commise.

La ministère des Affaires étrangères, sur ce dossier, s'était déjà illustré par sa légèreté. Plusieurs ambassades avait été alertées sur la participation de délégations étrangères. L'ambassade de France a été la seule à ne pas avoir répondu aux organisateurs. Le Quai d'Orsay n'a ensuite adressé aucun message de soutien aux ressortissants français, et n'a pas cherché à prendre des nouvelles ensuite.

L'Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT) déplore la position du ministère des Affaires étrangères, qui discrédite la voix de la France. Face à tant d'impéritie, c'est au Président de la République de parler d'une voix forte et claire."

Du mariage homosexuel

Publié le lundi 29 mai 2006

Dans un des commentaires de ce billet, la question suivante a été posée : "Alors pourquoi [revendiquer le mariage], si le PACS accorde les mêmes droits ?"
Or, il est bien là le problème, le PACS est loin d'accorder les mêmes droits que le mariage civil.
Bien sûr, il offre la possibilité de faire une déclaration d'impôts commune, mais ça n'est qu'un détail comparé à tous les autres avantages que le mariage civil offre aux couples.
Je ne prétends pas en faire une liste exhaustive, mais j'attends de vous que vous m'aidiez à compléter la liste.

Je vais commencer par les droits de succession parce que pour moi, c'est assez symptomatique. En effet, lorsqu'on décide de vivre ensemble, de se marier (ou, dans le cas des homosexuels, de se pacser puisqu'ils n'ont pas d'autre choix), c'est pour construire quelque chose avec la personne qu'on aime et souvent, ça passe par l'achat d'un logement. C'est d'ailleurs pour ça que la loi offre aux conjoints mariés un abattement de 76 000 euros et un taux d'imposition plus que favorable afin de que, par exemple, le conjoint survivant puisse rester dans le logement qu'ils ont achetés ensemble. Dans le cas du PACS, l'abattement pour le partenaire survivant n'est que de 57 000 euros et je ne vous parle pas des taux d'imposition, vous les trouverez ici.
De plus, les pacsés ne sont pas héritiers l'un de l'autre, il faut avoir fait un testament et s'il existe des héritiers réservataires (vos parents, par exemple), votre partenaire survivant ne pourra pas hériter de la totalité de vos biens.

Maintenant, imaginez : vous tombez amoureux d'une magnifique Malienne. Si vous l'épousez, dans trois ans, elle aura droit à une carte de résident de 10 ans. Un PACS par contre n'est qu'un "élément d'appréciation" pour l'obtention d'un titre de séjour (j'en ai parlé )et n'ouvre pas de droit à la naturalisation.

Avant d'épouser votre belle Malienne, vous étiez en couple avec quelqu'un d'autre et vous avez eu un enfant. Si vous vous mariez, votre nouvelle épouse peut demander une adoption simple de cet enfant. Votre femme aura donc ainsi des droits sur votre enfant. Elle pourra l'inscrire à l'école, accepter une opération chirurgicale sur l'enfant si vous n'êtes pas là etc. Si vous êtes pacsés parce que vous êtes homosexuel par contre, cela vous sera impossible.

Si vous tombez malade et que vous avez besoin d'une greffe votre femme pourra vous faire un don d'organe de son vivant sans qu'on lui pose de question. Si vous êtes pacsés, par contre, il vous faudra prouver que vous vivez ensemble depuis plus de deux ans pour qu'elle puisse le faire.

Enfin, si vous vivez vieux, ce que je vous souhaite, et que votre conjoint décède avant vous, alors, vous aurez droit à une pension de réversion. Si vous êtes pacsé, vous n'aurez que vos yeux pour pleurer.

Il est donc maintenant évident que le PACS n'accorde pas du tout les mêmes droits que le mariage civil, mais si tel était le cas, je continuerai à demander l'ouverture du mariage civil aux homosexuels. En effet, je ne vois pas au nom de quoi nous devrions bénéficier d'un "mariage canada dry" qui aurait la couleur du mariage, le goût du mariage, mais pas le nom. De plus, il me semble discriminatoire que les hétérosexuels aient le choix de se marier ou de se pacser quand les homosexuels n'ont d'autre choix pour se protéger l'un l'autre que de se pacser. Et puis, reconnaissez tout de même que se rendre dans un tribunal pour s'unir, ça casse le romantisme quand même...

Droit de réponse

Publié le dimanche 28 mai 2006

Dans son billet "Le modèle animal", Delphine nous parle de l'homosexualité dans le monde animal. Comme d'habitude, son billet est amusant et reflète son ouverture d'esprit. Malheureusement, comme d'habitude aussi, il attire des commentaires négatifs auxquels il me semble qu'il me faut plus d'un commentaire pour répondre, c'est pourquoi je prends la liberté de le faire ici.

Ce billet s’adresse à vous tous qui croyez encore que l’homosexualité est un choix de vie.

Voyez-vous, je crois que si tel était le cas, nous serions bien moins nombreux étant donné les quolibets et les insultes proférés par les gens "bien pensant". Malheureusement - ou plutôt heureusement, d'ailleurs, pour la diversité de la nature - être homosexuel n'est pas un choix. Eh non, je n'ai pas plus choisi d'être homosexuelle que vous avez choisi d'être hétérosexuel. Bien sûr, quand j'étais plus jeune, j'ai tout fait pour me persuader que j'étais hétérosexuelle. En effet, toute la journée, j'entendais des gens comme vous répéter "les homosexuels ne sont pas normaux", "les homosexuels sont des pervers", "l'homosexualité n'est pas naturelle" sans oublier les insultes et autres "sales pédés". Pourtant, moi, quand du haut de mes 7 ans, j'avais plus envie de faire un bisou à Anne-Cécile qu'à Pierre-Antoine, je ne me sentais ni perverse ni pas naturelle, j'étais amoureuse, c'est tout, je ne voyais pas la différence. Seulement, après des années de rabachage, j'ai fini par croire, moi aussi, que l'amour que je ressentais pour mes copines de primaire, de collège, de lycée... n'était pas aussi pur et pas aussi "normal" que celui que celles-ci ressentaient pour leurs copains. Alors j'ai fait "le choix" d'être hétérosexuelle. Je suis sorti avec un garçon et je l'ai même épousé. Pour être "normale", comme les autres, rentrer dans le rang. Mais voyez-vous, on ne fait pas plus le choix d'être hétérosexuelle qu'on fait celui d'être homosexuelle. Je ne sais pas comment je pourrais vous expliquer ça avec des mots simples, mais pour moi, "le devoir conjugal" tenait plus du viol (ce mot est bien fort puisque, finalement, j'étais "consentante", mais je n'en ai pas trouvé d'autre pour expliquer ce que je ressentais, je m'excuse donc par avance auprès des victimes de viol que je pourrais choquer) que d'un acte d'amour. Je me suis donc retrouvée face au seul vrai choix : continuer à vivre ainsi en étant malheureuse, en souffrant, en rejetant ce que j'étais vraiment, en ayant honte d'être moi-même ou alors décider de me prendre par la main, de faire face à tous ces gens bien pensant qui ignorent de quoi ils parlent et vivre ma vie en étant moi, affirmée et heureuse. C'est le choix que j'ai fait il y a 7 ans maintenant, et je dois vous dire que je ne le regrette pas, malgré les remarques des gens comme vous, malgré les bâtons dans les roues que nous met la société. Les homosexuels ne revendiquent pas la normalité, ils sont normaux, ils vivent normalement, ils travaillent normalement, ils paient leurs impôts normalement, ils font du sport normalement... Non, ce que revendiquent les homosexuels, c'est justement que leur normalité soit reconnue. En effet, ce qui est anormal, ce n'est pas que je vive avec une femme, que j'achète une maison avec une femme pour y habiter. Ce qui est anormal, c'est que si elle décède, je devrai vendre la maison que nous avons achetée ensemble, rêvée ensemble, rénovée ensemble, pour payer les droits de succession... Pourtant, quelle différence y a-t-il entre vous qui achetez une maison avec votre femme, votre mari, et nous ?

J'espère que la prochaine fois que vous croiserez un homosexuel vous éviterez de porter un jugement à l'emporte-pièce, mais vous irez vers lui pour le apprendre à le connaître comme lui le ferait envers vous, sans idée préconçue.

Bien cordialement,

Jimini